• Ce n'est pas parce qu'on a un ennemi commun, qu'on est tous des potes!

     

    Et ce n'est pas parce qu'on manifeste avec le même gilet (ou tout autre uniforme), qu'on est d'accord sur tout !

    D'ailleurs, les uniformes, c'est horrible, c'est une véritable dépersonnalisation, c'est un signe d'appartenance, d'abord excitant, parce qu'il fait nombre, donc signe de force, mais qui entraîne souvent l'abandon de la réflexion personnelle, la fusion dans la masse, les concessions aux pensées dominantes, l'adhésion à ceux qui parlent le plus fort…

    Et tout à coup, on ne sait plus où on est, avec qui, et, pire, pourquoi…

     

    Lutter, oui, efficacement, avec des personnes avec qui on est sur la même longueur d'onde, sans forcément prendre le devant de la scène, en innovant, si possible, en surprenant, en frappant là où on ne nous attend pas, sans chercher la gloire, sans drapeau ni Marseillaise, mais clair sur ses refus, sur ses désirs d'une autre vie.

     

    Une autre vie, et pas seulement le "pouvoir d'achat", même si c'est important les moyens de vivre, mais vivre n'est pas survivre : le bonheur est-il dans la consommation pour laquelle on nous a façonnés ?

     

    Une autre vie, c'est d'abord avoir la possibilité de penser, d'exprimer, de partager une pensée et des opinions libres, personnelles.

    C'est de pouvoir refuser le monde actuel, basé sur le pognon, la "réussite" sociale, l'exploitation et/ou le refus des autres, le mépris des pauvres, la haine des étrangers, l'égoïsme poussé à l'extrême, etc.

    C'est aussi, pour certains, de pouvoir vivre autrement, sans rapporter d'argent au système, c'est d'en prendre les moyens, pour soi, en petits groupes, en tout cas à une échelle possible, locale par exemple.

    C'est aussi de pouvoir revendiquer ce droit pour tous, de dénoncer l'exploitation, l'égoïsme et la haine…

     

    Mais la lutte ne peut pas (ou ne doit pas ?), reproduire ce qu'elle rejette. La violence, on nous en rebat les oreilles, mais ce n'est évidemment pas la casse de quelques vitrines de banque, les banquiers s'en remettront aisément, c'est bien la violence qui nous est faite, par les dominants, par le pouvoir, politique, institutionnel, et surtout le pouvoir de l'argent et de ceux qui en ont toujours plus… Tout le monde sait cela, et bien d'autres l'ont déjà très bien dit.

     

    Une violence est cependant produite dans les rapports humains qui se développent au sein d'un mouvement non homogène. Les injures, les menaces, les anathèmes, les condamnations outrancières, ne servent à rien qu'à discréditer un mouvement qui, du coup, apparaît sans repère, sans cohésion, sans objectif vraiment collectif.

    Comment en serait-il autrement d'ailleurs, tant est grande la diversité de ceux qui le composent, tant est disparate la teneur de leur propos, et la réalité de leurs revendications…

     

    Mais si une structuration du mouvement est sans doute nécessaire, ce n'est pas obligatoirement par la désignation de leaders, de représentants ou de porte- paroles qu'elle passe. 

    Encore moins, bien sûr, par la constitution de listes électorales ! Cette soumission aux schémas honnis de la démocratie actuelle, tant décriée dès les débuts du mouvement, cette façon d'entériner que c'est finalement la seule façon de s'exprimer politiquement, est un terrible aveu d'échec ! Ce n'est vraiment pas la solution, même si cela ne mérite pas les insultes proférées…

     

    En 68, tous ces problèmes de mouvements de foule, de groupuscules devenus rivaux, voire ennemis, de leaders qui essayaient de prendre le dessus, se posaient déjà, même si on était quand même un peu plus du même bord. 

     

    La solution ? Il y en a sans doute plusieurs. Si le mouvement s'essouffle, ou se délite, il restera pour beaucoup de participants une prise de conscience, une façon de communiquer et de lutter qu'ils ne seront pas près d'oublier, et qui leur servira.

    Et au-delà de ces retombées individuelles, si, au lieu de faire des partis, des listes électorales, les gens qui se sont rencontrés là se constituaient en groupes affinitaires, où l'on est sûr d'être en accord sur l'essentiel avec ses compagnons, et de projeter ensemble le futur, de concevoir et d'organiser des actions, que ce soient des regroupements par centre d'intérêt, par fonction sociale ou par rapprochement géographique, ou n'importe quel autre point commun…

    Cette autonomie, cette indépendance, n'empêcheraient pas la coordination, ou les rassemblements pour des moments clés, mais cela permettrait en tous cas de faire la différence avec ceux qui intègrent et polluent le mouvement avec des arrières-pensées, et des objectifs, par exemple d'extrême-droite, racistes et fascisants…

     

    On ne sait pas ce qui se passera, ou se passe peut-être déjà, ni ce qui sera gagné, mais Il faut espérer, même si le pouvoir fait tout ce qu'il peut pour s'en tirer sans lâcher sur l'essentiel pour lui : son pouvoir justement, il faut espérer donc, l'avoir suffisamment ébranlé pour qu'il soit obligé de faire attention à ce qu'il fait, qu'il ait un peu peur quand même, qu'il ait compris que trop, c'est trop !

     

    Tout ceci n'est qu'un point de vue, qui n'engage que moi… 

     

    Un mot encore : pour dénoncer l'antisémitisme, on a chanté la marseillaise aujourd'hui ! ce n'est pourtant pas le chant le plus pacifique et bienveillant que l'on puisse trouver !!! 

    "Hibou"

    (M-T Taillefer)


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  • Samedi 17 janvier 2015

     Suite

     Liberté d’Expression ou Expression Libre ?

    Des millions de personnes ont donc «manifesté» leur revendication de liberté d’expression. C’est bien. Mais de quoi s’agit-il ? sans doute du refus de la censure, un peu, mais surtout, et c’est plus que légitime, du refus d’être tué pour ses idées.

    Dans la tête de la multitude de gens qui étaient là, tous les « Je-suis-Charlie », on peut se demander s’ils pensaient à leur propre possibilité d’expression, où si cette revendication ne restait pas un peu théorique, réservée à ceux qui ont le rôle de «s’exprimer», les journalistes, les dessinateurs, les écrivains, les artistes…

    C’est déjà pas mal, dans un pays où l’on censure encore, quoi qu’on en dise, et où l’on peut tout dire, mais quand même…  un maire peut empêcher une exposition qui ne lui plaît pas, un ministre peut interdire un spectacle, certes assez infâme, mais où est la limite ? Ne vaudrait-il pas mieux combattre les idées par les idées que d’interdire ?

    Bien sûr, ce n’est pas de l’assassinat, mais ce n’est pas la liberté non plus, même si encore une fois, en France, nos spécialistes en parole, en critique et en humour peuvent aller assez loin…

    Est-ce que cela peut nous suffire ?

    La liberté d’expression est un droit, qui se défend, qui se revendique… c’est un minimum.

    L’Expression Libre est autre chose : c’est l’indépendance de la réflexion et de la parole de chacun de nous, individuellement ou en groupe ; c’est la résistance à l’endoctrinement, à l’abrutissement, c’est le refus de la soumission aux discours imposés ou hypocritement distillés, de l’abrutissement généralisé, c’est aussi la construction d’espaces de liberté, de rencontres et d’échanges. Ce n’est pas la télé, ce n’est pas la presse, ce ne sont pas les discours des « spécialistes ».

     L’expression libre, c’est l’autonomie de l’individu, son droit à construire ses propres croyances, ses convictions, à pousser ses gueulantes s’il en a envie, à contester les idées reçues…  et surtout à avoir les moyens de le faire, le courage de le faire, la liberté de  le faire.

     L’expression libre c’est l’insoumission aux discours lénifiants, aux images trompeuses, aux discours dominants, aux baratins et à la notion même de «spécialiste»

    L’Expression libre, c’est accoucher, souvent dans la douleur, d’une pensée et d’une parole personnelles, et arriver à les partager, à en débattre…

    Tout est à tous… et avant tout, le droit à la parole !

     


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  • Avant tout, et quoi que nous en disions, nous sommes épouvantés ! personne, et surtout pas ceux qui ont le courage de résister, ne mérite de mourir comme ça ! exécuté, sans pouvoir dire un mot, sans pouvoir exprimer le moindre message… foudroyé par la haine imbécile, sourde et aveugle !  Alors, bien sûr que nous sommes touchés, bien sûr que nous pensons avec émotion et tristesse à ces copains de toujours, et évidemment, nous sommes solidaires de Charlie blessé et nous le serons de Charlie renaissant, résistant… Mais au-delà de cette peine, nous qui sommes particulièrement attachés à l'expression libre, notre objectif depuis tant d'années, nous sommes aussi profondément irrités par l'utilisation de pure circonstance, superficielle, hypocrite,  qui est faite de cette notion ; nous saturons déjà des déclarations et des trémolos qui dégoulinent de nos télés et qui, en réalité, ne changent pas et n'ont aucunement l'intention de changer notre monde de merde.… 

    Vous avez dit « liberté d’expression » ?

    Et depuis quand vous importe-t-elle, la liberté d’expression ? Vous, les puissants, vous, les maîtres de la pensée dominante, vous les tartuffes, les règlementeurs, les censeurs, les communicants ?

    Et depuis quand avons-nous cette liberté, et les moyens de cette liberté, nous, les pauvres, les obscurs, les ordinaires ? Depuis quand acceptez-vous que l’on remette en cause votre ordre, vos décisions, vos profits, vos discours ?

    Certes, tout le monde n’utilise pas la kalachnikov pour imposer sa façon de penser, mais la «liberté d’expression», elle ne revient sur le tapis que quand elle est mise en cause par «les autres» : les méchants. Nous, les occidentaux, nous avons la liberté de rire, un peu, mais pas trop, de nous révolter, mais dans les clous, d’avoir des idées, oui, mais les bonnes !

    Ne nous faites pas rigoler, gens de pouvoir, la liberté d’expression, la liberté de pensée même, vous vous en tamponnez ! et vous savez la manipuler à votre avantage, dans un sens, puis dans l’autre…

    Tout ça pour dire que, dans l’horreur de ce qui est arrivé, ce n’est pas tant la liberté d’expression qui est en cause, mais la vie même de ceux qui ne se soumettent pas, de ceux qui sont morts sous les balles de fous de dieu, et en d’autres temps auraient pu être assassinés par les fachos du coin, ceux qui, en tous temps, ont lutté contre la connerie humaine d’où qu’elle vienne, l’intolérance, l’aliénation, le fascisme, le racisme, le pouvoir des religions, de l’argent-roi, l’injustice, l’inégalité etc. etc.

    Le problème c’est qu’ils sont morts, c’est qu’ils ne s’exprimeront plus, c’est vrai, et le problème c’est aussi ce flot de paroles inutiles qui accompagne leur mort, pour combien de jours ? qui sait ? combien faudra-t-il pour que les médias trouvent un autre sujet, même moins spectaculaire, mais nouveau ? n’est-ce pas la loi de la presse ? bien davantage que la liberté d’expression ?

    Ce ne sont pas des journalistes que nous avons perdus, ce sont des êtres humains. Ils avaient choisi la caricature, la dérision pour dire des choses, mais c’étaient avant tout des personnes, des copains, avec des idées qui ne plaisaient certainement pas à nos hommes et femmes politiques, si "émus" aujourd'hui !

    Il y aurait tant à dire sur ce qui génère la dérive meurtrière, insensée de ces déments qui sont capables de tuer pour un dessin, pour qui la mort ne veut rien dire d’autre que la démonstration de leur supposée puissance, que l’on ne peut que trouver dérisoire ce qu’il en ressort, et ce qui va en découler, de racisme larvé, de déclarations de pure forme, et, au fond, d’indifférence profonde.

    Aujourd’hui, l'émotion, un monde fou dans les rues, on peut s'en réjouir, mais hélas demain, le train-train, les sous, le travail, la famille, et bien sûr, la patrie !

    à suivre

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    Samedi 17 janvier 2015

     Suite

     Liberté d’Expression ou Expression Libre ?

    Des millions de personnes ont donc «manifesté» leur revendication de liberté d’expression. C’est bien. Mais de quoi s’agit-il ? sans doute du refus de la censure, un peu, mais surtout, et c’est plus que légitime, du refus d’être tué pour ses idées.

    Dans la tête de la multitude de gens qui étaient là, tous les « Je-suis-Charlie », on peut se demander s’ils pensaient à leur propre possibilité d’expression, où si cette revendication ne restait pas un peu théorique, réservée à ceux qui ont le rôle de «s’exprimer», les journalistes, les dessinateurs, les écrivains, les artistes…

    C’est déjà pas mal, dans un pays où l’on censure encore, quoi qu’on en dise, et où l’on peut tout dire, mais quand même…  un maire peut empêcher une exposition qui ne lui plaît pas, un ministre peut interdire un spectacle, certes assez infâme, mais où est la limite ? Ne vaudrait-il pas mieux combattre les idées par les idées que d’interdire ?

    Bien sûr, ce n’est pas de l’assassinat, mais ce n’est pas la liberté non plus, même si encore une fois, en France, nos spécialistes en parole, en critique et en humour peuvent aller assez loin…

    Est-ce que cela peut nous suffire ?

    La liberté d’expression est un droit, qui se défend, qui se revendique… c’est un minimum.

    L’Expression Libre est autre chose : c’est l’indépendance de la réflexion et de la parole de chacun de nous, individuellement ou en groupe ; c’est la résistance à l’endoctrinement, à l’abrutissement, c’est le refus de la soumission aux discours imposés ou hypocritement distillés, de l’abrutissement généralisé, c’est aussi la construction d’espaces de liberté, de rencontres et d’échanges. Ce n’est pas la télé, ce n’est pas la presse, ce ne sont pas les discours des « spécialistes ».

     L’expression libre, c’est l’autonomie de l’individu, son droit à construire ses propres croyances, ses convictions, à pousser ses gueulantes s’il en a envie, à contester les idées reçues…  et surtout à avoir les moyens de le faire, le courage de le faire, la liberté de  le faire.

     L’expression libre c’est l’insoumission aux discours lénifiants, aux images trompeuses, aux discours dominants, aux baratins et à la notion même de «spécialiste»

    L’Expression libre, c’est accoucher, souvent dans la douleur, d’une pensée et d’une parole personnelles, et arriver à les partager, à en débattre…

    Tout est à tous… et avant tout, le droit à la parole !

     


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  • des nouvelles du Hangar de la Cépière


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